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Le souci du détail,
la qualité de la finition, le perfectionnement inlassable d'un
même concept au fil des années : autant de traits caractéristiques
des grands studios japonais. Développé par Skip et supervisé
par Nintendo, Chibi Robo incarne pleinement cette délicatesse d'exécution.
Ce jeu d'aventure et d'action en 3D met en scène un adorable robot
domestique de dix centimètres de hauteur, offert par un père
de famille à sa fille. Son but : aider les nombreux personnages
qu'il rencontre. En accumulant de l'autonomie, des outils, des costumes,
des matériaux ou du temps, le petit héros peut graduellement
explorer chaque parcelle de la maison.
Chercher
un objet défini et retracer le chemin qui y mène en observant
l'environnement et la carte, sauter d'une plateforme à une autre
sans tomber, utiliser un ustensile au moment adéquat, tirer sur
des ennemis robots, activer des portes ou mécanismes… Des
actions banales, effectuées des milliers de fois par n'importe
quel joueur familier du genre. Pourtant, dans Chibi Robo, elles se transfigurent
souvent en mini-expériences sensorielles, rendues étonnamment
réjouissantes et fraîches par le soin apporté à
l'animation, au système de contrôle, au graphisme, et surtout
au design sonore. A chaque type de mouvement opéré ou de
surface foulée correspondent des mélodies et instruments
particuliers, qui se déclenchent puis s'arrêtent en cadence.
Air de guitare sèche lorsque Chibi nettoie le sol avec une brosse
à dents, notes de xylophone associées à ses pas quand
il marche sur du carrelage, savoureuse musique électro qui s'accélère
lorsqu'il avance rapidement… Chibi Robo rappelle que, parfois,
les mécanismes d'un jeu vidéo sont moins importants que
la façon dont ils sont présentés.
Excessivement
mignon et enfantin, Chibi Robo révèle toutefois, très
vite, des tonalités plus douces-amères, plus réalistes.
Le jeu s'approche discrètement de la chronique sociale, sans se
prendre au sérieux. Peu à peu, en découvrant chaque
pièce de la maison aux différents moments de la journée
(les séquences diurnes et nocturnes se succèdent toutes
les dix minutes environ), le petit héros comprend la nature des
relations entre les personnages, et leurs soucis quotidiens. La mère
refuse l'accès de la chambre conjugale à son mari - un chômeur
« adulescent » et oisif qui ne cesse d'acheter des
babioles -, la petite fille, mutique et constamment vêtue d'un costume
de grenouille, s'assied dans un coin en pleurant après avoir entendu
ses parents se disputer, des factures impayées traînent sur
les meubles… Et, comme dans Toy Story, des jouets et des animaux
habitent la demeure : une grenouille déshydratée se meurt
dans le jardin, un Justicier bidon - façon Buzz l'éclair
ou Bioman - patrouille dans le salon, une momie moisie n'ose déclarer
sa flamme à une belle poupée… Leurs problèmes
touchants ou ridicules, que Chibi résout librement, confèrent
rythme et variété à une aventure fatalement moins
ample qu'un Zelda, mais remarquable par sa précision et son humanité. |
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