Courrier des lecteurs
Article paru dans le n°93 de JeuxVidéo Magazine - août 2008
 



Le jeu vidéo se fait des films
Les adaptations cinématographiques de jeux vidéo sont fréquemment accueillies par des critiques plus que négatives. D'ailleurs, la simple annonce de tels films fait souvent sourire les journalistes. Si les fans ont souvent été bien déçus face à des productions désastreuses comme Super Mario Bros, Alone in the Dark, Mortal Kombat ou Bloodrayne, c'est parce que l'univers du cinéma cherche uniquement à s'accaparer des spectateurs supplémentaires en misant sur des licences prometteuses, pour ne finalement respecter aucunement l'univers des jeux vidéo et même les tourner en ridicule. De fait, les spectateurs sont de plus en plus effrayés par ces adaptations, et les préjugés de la presse s'accentuent encore.

Pourtant, quelques réussites ont vu le jour. On peut citer Final Fantasy, Resident Evil ou Silent Hill, qui était aussi sombre et angoissant que le jeu. Et critiquer Doom ou Hitman pour leur scénario ou leur insistance sur l'action me semble un peu paradoxal : qu'espérer d'autre d'une adaptation d’un FPS et d'un jeu qui nous met dans la peau d'un tueur à gage ? Inutile de continuer à énumérer les titres. Si le bilan n'est pas encore très satisfaisant, je reste convaincu de l'avenir du genre. Et je me réjouis déjà de voir des projets aussi ambitieux que les adaptations de Prince of Persia par Mike Newell (Quatre mariages et un enterrement, Harry Potter IV), ou de Bioshock par Gore Verbinski (Pirates des Caraïbes). Espérons que lorsqu'une maison de production achètera les droits d'adaptation de GTA, les jeux vidéo auront déjà brillé de mille feux au ciné...
- Théo -

Le premier grand film tiré d'un jeu n'arrivera pas tout de suite. Mais la qualité des adaptations ne peut que s'améliorer. En tout cas, c'est ce que pense Justin Marks, le scénariste du futur film Street Fighter : Legend of Chun-Li réalisé par Andrzej Bartkowiak (Doom) avec Kristin Kreuk, l'héroïne de Smallville, dans le rôle principal (voir photo). Pour Marks, Hollywood regorge désormais de décideurs et de créateurs fans de jeux vidéo, des gens brillants qui ont grandi pendant l'âge d'or de Nintendo, jouent quotidiennement sur le Xbox Live et désirent réellement produire de bons films.

Toutefois, pour être rentable, une adaptation doit séduire un public beaucoup plus large que celui des hardcore gamers. Pourquoi ? Parce qu'un film coûte bien plus cher à produire qu'un jeu (65 millions de dollars en moyenne pour un long-métrage hollywoodien, contre 15 millions pour un jeu PS3), et parce que le prix d'un ticket de cinéma est nettement inférieur à celui d'un jeu. Et selon Justin Marks, les univers, scénarii et personnages de jeu vidéo sont souvent trop banals et inconsistants pour attirer de nombreux spectateurs. Pour créer un film populaire et de qualité à partir d'un jeu, il faut donc presque nécessairement trahir l'oeuvre originale : la réinterpréter, lui greffer de nouvelles idées, en atténuer la violence... Au risque de décevoir les fans.

Xavier Gens, le réalisateur de Hitman, a ainsi été contraint de compromettre sa vision initiale. Comme il nous le confiait récemment, son film durait au départ vingt minutes de plus, avec un rythme plus lent et une musique identique à celle du jeu. Mais Gens a été obligé de le remonter. Et il avait prévu un autre acteur, beaucoup moins fade, pour le rôle principal. Les producteurs visaient un public de trente à cinquante millions de spectateurs, alors que le jeu Hitman 2 s'était vendu à environ trois millions d'exemplaires. Résultat : un film plus lisse que le jeu qui l'a inspiré.

Par ailleurs, ne vous attendez pas à voir bientôt un film GTA : Dan Houser, co-fondateur de Rockstar et co-scénariste de la série, a dernièrement déclaré ne pas être intéressé par une adaptation cinématographique.




Garçon, la suite !
Les jeux qui m'ont le plus marqué sont rarement les plus populaires dans la mémoire collective. Je voudrais savoir si certains d'entre eux sont susceptibles de renaître un jour de leurs cendres...

Je pense d'abord à Toy Commander sur Dreamcast. Le concept était vraiment génial (sorte de Battlefield chez les Micro Machines !), et son multi était tellement fun que j'en garde des traces bien plus fortes que celles laissées par un Mario Kart... C'est dire ! Et quelle surprise de voir que des Français (rachetés pour le coup par Sega) avaient conçu cette bombe ! Alors, mes espoirs de voir une vraie suite à Toy Commander (Toy Racer n'en était pas une, mais plutôt une sorte de goodies caritatif) sont-ils vains ? Ce jeu avait vraiment réussi à me faire retomber dans ma plus tendre enfance, lorsque je tendais une embuscade à ma petite voiture en mettant divers jouets en hauteur sur un canapé ou une étagère...

Ensuite, je pense à Viewtiful Joe. On n'en parle plus... mais quel fun ! Un gameplay de fou m'ayant redonné des sensations oubliées depuis l'époque des consoles 16 bits... Le tout amplifié grâce à des techniques inaccessibles à l'époque. Le jeu qui m'a laissé le meilleur souvenir de la précédente génération.

Enfin, je pense à Pikmin, le meilleur jeu de la GC à son lancement (à mes yeux du moins). Nintendo n'ayant pas pour habitude de lâcher les licences à fort potentiel (à l'instar de Capcom d'ailleurs), peut-on espérer les revoir un jour dans un (vrai) second épisode ?
- Johan -

Dans l'ordre : aucune chance qu'un nouvel épisode de Toy Commander voie le jour. Le studio No Cliché (ex-Adeline), dirigé par Frédérick Raynal, a été démantelé par Sega en 2001 après l'abandon de la Dreamcast. Raynal travaille désormais sur un projet secret chez Ubisoft Montpellier (Rayman, BGE, King Kong). Quant au game designer de Toy Commander, Didier Quentin, il appartient depuis 2003 à l'équipe de l'école valenciennoise de jeu vidéo SupInfogame, dont il est désormais le responsable pédagogique.

Viewtiful Joe a engendré deux suites (Viewtiful Joe 2 sur PS2 et GameCube, et Viewtiful Joe : Double Trouble sur DS) ainsi qu'un jeu de combat en arène à la Super Smash Brothers, Viewtiful Joe : Red Hot Rumble (sur GameCube et PSP). D'autres Viewtiful Joe sortiront peut-être, mais sans l'équipe originale : celle-ci a quitté Capcom en 2006 pour fonder le studio PlatinumGames, dont les jeux seront publiés par Sega. Capcom conserve les droits de la série.

Concernant Pikmin, Shigeru Miyamoto a plusieurs fois déclaré vouloir continuer la série sur Wii, l'interface de la console étant particulièrement adaptée au jeu. On peut s'attendre à une annonce de Nintendo pendant le salon E3, qui se tiendra du 15 au 17 juillet à Los Angeles.




Simuler n'est pas jouer
Je suis assez fan de jeux de voiture, surtout les simulations. Comme beaucoup de joueurs Xbox 360 j'ai opté pour Forza Motorsport 2. Après avoir terminé ma carrière solo -assez ennuyeuse-, je suis passé au mode en ligne. Et là je découvre que cette "simulation" n'en est pas vraiment une. Des joueurs (les meilleurs mondiaux sur le Live) ont réussi à régler leur voiture et principalement l'étagement de la boîte de vitesse. Ainsi ils n'utilisent que trois vitesses voire deux, alors que ce devrait être le bon étagement des cinq ou six vitesses disponibles qui permette de faire des temps et de gagner des courses. Pourquoi une soi-disant simulation autorise ce genre de choses ? Et je ne parle même pas des réglages de suspension et de trains avant qui ne sont pas non plus très réalistes...

Donc à l'heure où l'on parle d'un développement de Forza 3 je me dis "Non, non et non il faut que cela cesse", et que les joueurs arrêtent de regarder uniquement les graphismes, la déformation des véhicules... Pour une simulation le plus important est que le comportement du véhicule soit réaliste et que les différents réglages le soient aussi, le reste est secondaire. Tout ca pour dire qu'il y en a marre, et que l'avis des joueurs devrait être pris en compte. Ce sont bien les joueurs qui paient, et 70€ la galette c'est pas donné ! C'est à nous de faire le cahier des charges. Pour le moment ce sont l'argent, les développeurs et les éditeurs qui décident de tout. On va faire un jeu moyen mais beau avec un gameplay pourri mais pas trop quand même puis on va communiquer en disant que c'est de la bombe... On laisse une minorité (ceux qui ont l'argent) décider pour une majorité (nous les joueurs). Comme tout seul dans mon coin je ne peux rien faire je vais donc arrêter de jouer... et tourner la page.
- Scoldan -

Le problème, c'est que vous supposez que tout le monde attend la même chose d'un jeu de course –et d'un jeu en général. Ce n'est pas le cas, et c'est pourquoi des jeux grand public, spectaculaires et simples à appréhender comme GRID rencontrent le succès. Par ailleurs, les critères qui font une bonne simulation s'avèrent largement subjectifs : l'intelligence artificielle risible et l'absence de gestion des dégâts de la série Gran Turismo n'ont rien de "réaliste" alors que son système de conduite est considéré comme tel. Bref, pourquoi vous arrêter de jouer alors que certains titres correspondent encore à vos goûts, notamment sur PC ?

Par ailleurs, vous avez tort de penser que l'avis des joueurs est ignoré par l'industrie. D'une part, les playtests, qui visent à améliorer les mécaniques de jeu en disséquant les réactions d'un panel de joueurs, se généralisent. D'autre part, les critiques adressées par la communauté entraînent régulièrement des changements. Deux exemples spectaculaires : après la volée de bois vert provoquée par le style cartoon de The Legend of Zelda : The Wind Waker, Nintendo a décidé d'adopter une atmosphère graphique plus sombre pour l'épisode suivant, Twilight Princess. Et l'année dernière, suite à la pression des fans japonais de Dragon Quest, Square – Enix a abandonné le système de combat en temps réel de l'épisode IX sur DS pour lui substituer des affrontements traditionnels au tour par tour.




Pour adultes
J'espère vraiment que le catalogue des jeux va un jour s'étendre à d'autres genres plus "adultes", afin de satisfaire les fantasmes mâles autrement qu'en essayant de reluquer sous les jupes des personnages de Dead or Alive. Après tout la Xbox 360 ou la PS3 sont destinés aux grands garçons... Y a-t-il des jeux prévus dans ce registre ?
- Krisko -


Non, aucun. Et n'espérez pas que Sony, Microsoft ou Nintendo présentent quoi que ce soit en ce sens : le sexe constitue encore, contrairement à ce que pensent certains médias généralistes mal informés, LE tabou absolu de l'industrie du jeu vidéo. Les exceptions sont fort rares, et appartiennent surtout au genre aventure : la série Leisure Suit Harry en Occident, beaucoup de jeux PC érotiques réservés au marché japonais... Par ailleurs, quelques jeux grand public comportent des allusions ou scènes sexuelles, le plus souvent elliptiques : les GTA, Fahrenheit, Mass Effect, Rumble Roses, Fear Effect 2 : Retro Helix, Singles... Pour l'heure, le premier grand jeu sur le sexe, et l'amour, n'est pas né. En attendant, téléchargez Façade, un drame interactif où le joueur doit réconcilier un couple par la parole (Interactivestory.net). Chaste, mais passionnant. Le futur ?