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Depuis
quelques années, et notamment suite au 11 septembre, les newsgames
–jeux inspirés d'événements réels- pullulent
sur le Net et dans les magasins. Ancien journaliste à CNN Espagne,
fondateur du studio uruguayen Powerful
Robot Games dont il supervise et produit les jeux, responsable du
site Ludology, chercheur
au sein d'un centre d'étude vidéo-ludique de l'université
de Copenhague dirigé par le pionnier Espen Aarseth, Gonzalo Frasca
a créé September
12th, un petit jeu en Flash sur la "guerre contre la terreur",
qui annonce l'émergence d'une forme interactive de caricature politique.
Interview.
Gaming.
: Quel est le principe de September 12th ?
Gonzalo Frasca : Le jeu modélise une ville du
Moyen-Orient dont les habitants sont essentiellement des civils, et
quelques terroristes. Le joueur dirige une croix avec laquelle il est
possible de lancer des missiles. Il est quasiment impossible de tuer
des terroristes sans engendrer des "dommages collatéraux".
A chaque fois qu'un terroriste meurt, certains habitants le pleurent
et, soudainement, deviennent eux-mêmes des terroristes. Après
quelques minutes de jeu, le nombre de terroristes est incontrôlable.
Quelles
ont été les réactions des développeurs,
des joueurs et des journalistes ?
Comme je m'y attendais, elles ont été variées.
Le jeu a généré énormément de réponses
passionnées, ce qui, à mon sens, a prouvé son succès
(ordinairement, seule la violence des jeux provoque de fortes réactions,
rarement leur contenu politique). Plus de 150.000 personnes ont essayé
le jeu depuis son lancement en octobre 2003. Les journalistes ont globalement
été intéressés, mais méfiants -il
faut dire que les dessins politiques méritent rarement le prix
Pulitzer (sourires). Certains développeurs l'ont aimé, d'autres
pas. L'industrie a des règles claires sur la façon de
juger un jeu : il doit absolument être amusant et nous accrocher
pendant des heures. Mon objectif était de briser ces catégories
qui, je pense, ont été tenues pour acquises pendant trop
longtemps. Je ne voulais certainement pas créer le prochain Tetris.
Le jeu vidéo peut aussi nous faire réfléchir sur
le monde.
Quel
avenir prédisez-vous à ce type de jeux engagés
?
Je pense qu'ils n'atteindront pas leur potentiel créatif et commercial
avant quelques années, voire une décennie. Ils ont une
chance d'avoir un rôle dans les journaux online. Des petits jeux
réalisés avec Flash ou Shockwave comme September 12th
permettent d'expérimenter, de prendre des risques et de toucher
un vaste public, car leur développement coûte bien moins
cher et prend bien moins de temps que celui d'un jeu mainstream.
Quels
sont vos derniers travaux ?
En décembre 2003, nous avons terminé et lancé le
premier jeu vidéo
officiel pour une élection présidentielle américaine.
Il nous a été commandé par Howard Dean [ex-gouverneur
démocrate du Vermont]. Développé en deux semaines,
il était destiné aux partisans de Dean. L'idée
principale n'était pas de convaincre de nouveaux sympathisants
mais plutôt de montrer aux électeurs de Dean ce qu'ils
pouvaient faire pour l'aider dans le scrutin en Iowa.
Les
journalistes spécialisés doivent-ils analyser l'idéologie
des jeux ?
A mesure que les jeux vidéo gagneront en maturité, ils
continueront nécessairement à parler de nos vies et à
soulever des problèmes idéologiques -c'est le cas de Medal
of Honor : Soleil Levant, d'America's Army, le jeu multiplayer développé
par l'armée US pour recruter des soldats ou de Under
Ash, où l'on incarne un Palestinien qui se bat contre les
Israéliens. Par conséquent, les critiques commencent à
s'intéresser à cet aspect des jeux. Et ils ne doivent
pas cesser de le faire.
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Aller plus loin
Trois
sites de référence sur les jeux idéologiques, "documentaires",
éducatifs, publicitaires… :
www.watercoolergames.org
www.socialimpactgames.com
www.planetjeux.net
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