We love katamari
Article paru dans le n°23 de Chronicart - janvier 2006
 

J
amais sorti en Europe, Katamari Damacy est le succès culte de 2004. Dans un univers psychédélique, extravagant, anguleux et profus, un petit prince pousse une boule magique à laquelle se fixent des objets, d'abord minuscules, puis de plus en plus imposants à mesure que la boule grandit. L'objectif, en général : atteindre une taille précise dans un temps limité. Un concept d'accumulation simple voire débile, propice aux pires divagations interprétatives ("critique du consumérisme", "simulateur de meurtre allié à une diatribe contre l'horreur collectiviste"…). Mais surtout, un concept excellemment mis en œuvre. Le génie du jeu tient à la structure progressive de ses mondes, gorgés de centaines de détails cartoonesques, de bruitages outranciers et d'éléments qui prennent une fonction différente selon la grosseur de la boule. Un chat dangereux, une règle en plastique servant de pont miniature ou une barrière bloquant une route deviennent rapidement de dérisoires bidules à attraper. Puis vient le tour des humains terrorisés, des voitures, des immeubles, des stades, des arcs-en-ciel, de Godzilla... Le niveau le plus fou voit ainsi les dimensions de la boule passer de quelques centimètres à un kilomètre de diamètre en une vingtaine de minutes.

Aujourd'hui, We love katamari arrive en Europe. Une suite idéale qui se révèle plus maîtrisée, plus intuitive, plus précise et plus fluide dans sa physique et son système de contrôle (rare désormais de rester coincé par un objet ou une pente). Une suite intelligente qui décline les infinies possibilités du concept avec un sens comique ou poétique toujours aussi vif : notre petit héros happe tout ce qui traîne sur un circuit de course et dans ses environs, bolides, spectateurs, tribunes et maisons inclus ; sème la panique dans une école ou un zoo ; amasse des nuées de lucioles ou de fleurs ; fait gonfler le corps d'un sumo-boule pour battre son opposant… Emporté, comme son prédécesseur, par une bande originale remarquable, mêlant titres instrumentaux, chantés ou a cappella, ambiances pop, jazzy ou electro japs, We love katamari euphorise tant qu'il doit être mauvais pour la santé.