Test : Star Wars Rebel Strike
Article paru dans le n°2 de Gaming (décembre 2003)
 

Suite de Rogue Leader, l'un des jeux les plus appréciés du lancement de la GC, Rebel Strike affiche des ambitions bien plus hautes. Sont-elles réalisées ?


Développé en un temps record de neuf mois par les talentueux allemands de Factor 5 (déjà auteurs des stupéfiants Turrican de l'Amiga, et habitués à extraire le meilleur des machines qu'ils touchent), Rogue Leader fut l'un des jeux majeurs du lancement américain puis européen de la GC. Sa popularité dépassa même, en occident, celle des premiers titres GC de Nintendo (Luigi's Mansion et Wave Race : Blue Storm), inaptes à fédérer les joueurs comme avaient pu le faire les révolutionnaires et spectaculaires F-Zero ou Mario 64 en leur temps. Rogue Leader devint donc le premier jeu d'un éditeur tiers à s'imposer comme le porte-étendard technique, formel et ludique du lancement d'une machine Nintendo.

R
ogue Leader, c'était, avant tout, une extatique, incroyable et enveloppante modélisation en images et en son de l'univers de Star Wars –une expérience proche de ce que serait une véritable traversée en temps réel des "lieux" où George Lucas a tourné la première trilogie. La bataille d'Endor (les dizaines de Tie qui déferlent, la fusion parfaite entre l'action et la musique), notamment, figure encore parmi les plus grands moments de la GC. Rogue Leader a toutefois été fort critiqué par les joueurs. Trop superficiel. Pas assez varié. Trop difficile. Factor 5 les a écoutés. Et Factor 5 aurait peut-être mieux fait de se boucher les oreilles.

Hauts et bas d'une vie de Jedi

Aux séquences de shoot assez décharnées et répétitives de Rogue Leader, Factor 5 a greffé de nouveaux véhicules jouables, terrestres et aériens, ainsi que des passages d'action à pied, à la troisième personne. Ces derniers sont catastrophiques : l'inanité totale du gameplay –tous les ennemis peuvent être tués en sautant et en tirant n'importe comment- est rendue encore plus évidente par le ridicule achevé des animations des personnages. Heureusement, les passages en speeder, très rapides, nerveux, jalonnés d'affrontements rapprochés avec des stormtroopers, ou ceux en AT-ST, aussi peu raffinés qu'hilarants, sont globalement réussis. Et la cadence à laquelle s'enchaînent ces différentes formes de gameplay est agréablement soutenue.

Trop facile d'être Jedi

L'une des qualités fondamentales de Rogue Leader était la réelle marge de progression qu'il autorisait : comme dans les meilleurs jeux de tir, de course, de baston ou de sport, à mesure que le gamer découvrait les caractéristiques de son avatar (en l'occurrence un vaisseau et ses subtilités de contrôle, son radar, son viseur, ses modes de tirs secondaires, etc) et en acquérait la maîtrise, c'était tout le rythme et la beauté du jeu qui se dévoilaient, se structuraient et se libéraient. Le système de médailles, très old school et retors, incitait à traverser les missions de la manière la plus élégante, efficace et fluide possible, avec à la clé de nouvelles missions ou petits bonus rigolos. Le plaisir du challenge est quasi-absent ici. Rebel Strike est d'une décevante facilité -pour les habitués des précédents volets, bien sûr, mais aussi pour les autres. Le level design est de surcroît assez pauvre, et ne stimule pas les audaces de pilotage. Les médailles ne résistent pas suffisamment, et le jeu, terminé en quelques heures, devient trop rapidement exsangue.

Générosité de Jedi

Les nouveaux concepts que voulait introduire le développeur Factor 5 étaient sûrement plus beaux sur le papier : Rebel Strike est, en somme, un jeu étonnamment disparate, qui oscille entre l'exécrable et l'excellent.
La générosité et l'affection avec lesquels il a manifestement été conçu sont toutefois remarquables. Rebel Strike regorge de bonus appréciables : missions, vaisseaux, deux excellents jeux d'arcade Star Wars des eighties en version complète, un mode 2 joueurs en deathmatch, et surtout, l'intégralité de Rogue Leader jouable en coopératif. On peut reprocher à Factor 5 d'avoir été trop ambitieux, de s'être dispersé inutilement au lieu de peaufiner et développer les missions aériennes qui ont fait le succès de Rogue Leader. Mais on ne peut que louer la richesse du tout. Décevant donc, mais irrépressiblement sympathique.

>>> Le jeu conserve l'ampleur qui faisait le prix de Rogue Leader.