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Suite de Rogue Leader, l'un des jeux les plus appréciés
du lancement de la GC, Rebel Strike affiche des ambitions bien plus hautes.
Sont-elles réalisées ?
Développé
en un temps record de neuf mois par les talentueux allemands de Factor
5 (déjà auteurs des stupéfiants Turrican de l'Amiga,
et habitués à extraire le meilleur des machines qu'ils touchent),
Rogue Leader fut l'un des jeux majeurs du lancement américain puis
européen de la GC. Sa popularité dépassa même,
en occident, celle des premiers titres GC de Nintendo (Luigi's Mansion
et Wave Race : Blue Storm), inaptes à fédérer les
joueurs comme avaient pu le faire les révolutionnaires et spectaculaires
F-Zero ou Mario 64 en leur temps. Rogue Leader devint donc le premier
jeu d'un éditeur tiers à s'imposer comme le porte-étendard
technique, formel et ludique du lancement d'une machine Nintendo.
Rogue
Leader, c'était, avant tout, une extatique, incroyable et enveloppante
modélisation en images et en son de l'univers de Star Wars –une
expérience proche de ce que serait une véritable traversée
en temps réel des "lieux" où George Lucas a tourné
la première trilogie. La bataille d'Endor (les dizaines de Tie
qui déferlent, la fusion parfaite entre l'action et la musique),
notamment, figure encore parmi les plus grands moments de la GC. Rogue
Leader a toutefois été fort critiqué par les joueurs.
Trop superficiel. Pas assez varié. Trop difficile. Factor 5 les
a écoutés. Et Factor 5 aurait peut-être mieux fait
de se boucher les oreilles.
Hauts
et bas d'une vie de Jedi
Aux
séquences de shoot assez décharnées et répétitives
de Rogue Leader, Factor 5 a greffé de nouveaux véhicules
jouables, terrestres et aériens, ainsi que des passages d'action
à pied, à la troisième personne. Ces derniers sont
catastrophiques : l'inanité totale du gameplay –tous les
ennemis peuvent être tués en sautant et en tirant n'importe
comment- est rendue encore plus évidente par le ridicule achevé
des animations des personnages. Heureusement, les passages en speeder,
très rapides, nerveux, jalonnés d'affrontements rapprochés
avec des stormtroopers, ou ceux en AT-ST, aussi peu raffinés qu'hilarants,
sont globalement réussis. Et la cadence à laquelle s'enchaînent
ces différentes formes de gameplay est agréablement soutenue.
Trop
facile d'être Jedi
L'une
des qualités fondamentales de Rogue Leader était la réelle
marge de progression qu'il autorisait : comme dans les meilleurs jeux
de tir, de course, de baston ou de sport, à mesure que le gamer
découvrait les caractéristiques de son avatar (en l'occurrence
un vaisseau et ses subtilités de contrôle, son radar, son
viseur, ses modes de tirs secondaires, etc) et en acquérait la
maîtrise, c'était tout le rythme et la beauté du
jeu qui se dévoilaient, se structuraient et se libéraient.
Le système de médailles, très old school et retors,
incitait à traverser les missions de la manière la plus
élégante, efficace et fluide possible, avec à la
clé de nouvelles missions ou petits bonus rigolos. Le plaisir
du challenge est quasi-absent ici. Rebel Strike est d'une décevante
facilité -pour les habitués des précédents
volets, bien sûr, mais aussi pour les autres. Le level design
est de surcroît assez pauvre, et ne stimule pas les audaces de
pilotage. Les médailles ne résistent pas suffisamment,
et le jeu, terminé en quelques heures, devient trop rapidement
exsangue.
Générosité
de Jedi
Les
nouveaux concepts que voulait introduire le développeur Factor
5 étaient sûrement plus beaux sur le papier : Rebel Strike
est, en somme, un jeu étonnamment disparate, qui oscille entre
l'exécrable et l'excellent. La
générosité et l'affection avec lesquels il a manifestement
été conçu sont toutefois remarquables. Rebel Strike
regorge de bonus appréciables : missions, vaisseaux, deux excellents
jeux d'arcade Star Wars des eighties en version complète, un
mode 2 joueurs en deathmatch, et surtout, l'intégralité
de Rogue Leader jouable en coopératif. On
peut reprocher à Factor 5 d'avoir été trop ambitieux,
de s'être dispersé inutilement au lieu de peaufiner et
développer les missions aériennes qui ont fait le succès
de Rogue Leader. Mais on ne peut que louer la richesse du tout.
Décevant
donc, mais irrépressiblement sympathique.
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