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Vingt ans de métier. 44 millions de jeux Final Fantasy (FF) vendus.
A 41 ans, cet homme à la sensibilité exacerbée, star
du RPG sur console, héraut de l'éditeur Square, est l'une
des personnalités majeures de la pop culture japonaise et mondiale.
Les œuvres d'Hironobu
Sakaguchi sont de celles qui imprègnent durablement l'esprit. Rencontrer
pour la première fois l'univers de Final Fantasy (FF), notamment,
constitue souvent une révélation, un choc sensoriel et émotionnel
inoubliable. Et pour cause : durant toute sa carrière, Sakaguchi
-producteur exécutif et initiateur des grandes orientations de
scénario et de gameplay des FF- s'est entouré d'artistes
aptes à mettre en oeuvre sa vision grandiose, foisonnante, onirique
et mélancolique du jeu vidéo : l'illustrateur polyvalent
Yoshitaka Amano, dont le style opulent évoque Klimt, l'Art Nouveau
et Frazetta, définit les personnages et l'ambiance graphique des
FF ; le raffiné Nobuo Uematsu compose des musiques tantôt
emphatiques tantôt délicates, empreintes d'une naïveté,
d'un romantisme devenus indissociables de la saga. En
91, cette somme de talents aboutit à une première réussite,
FF4 (SFC), où Sakaguchi atteint partiellement ses buts déclarés
: raconter une histoire captivante et épique, donner vie à
des personnages possédant une réalité et une consistance
capables de susciter l'empathie. Dès lors, Sakaguchi et son équipe
enrichissent et affinent leurs outils d'expression. Yoshinori Kitase,
cinéaste frustré, donne corps aux ambitions visuelles et narratives
de Sakaguchi en utilisant, à partir de FF6 et surtout FF7, des
techniques empruntées au septième art (travail sur les
angles et mouvements de 'caméra', la profondeur de champ…).
S'ensuivra un film d'animation photoréaliste spectral et
désespéré, Final Fantasy : The Spirits Within.
Grandiloquence
FF6
(SFC, 94) suit une jeune fille amnésique dans un univers fantastique
qui entre dans sa première révolution industrielle. D'une
grandiloquence visuelle et musicale (l'orgue tour à tour apocalyptique
et lumineux du final) souvent foudroyante, sublimement rythmé
et 'mis en scène', virtuose dans sa façon d'exalter le
sentiment de liberté du joueur, FF6 est, aux yeux de nombreux
gamers, le chef-d'oeuvre absolu et intemporel de la série.
Chrono
Trigger (SFC, 95), fruit d'un partenariat inédit entre Sakaguchi,
Yuji Horii (auteur de Dragon Quest, l'autre grande saga de RPG japonais),
et Akira Toriyama (le créateur de Dragon Ball), est une variation
nostalgique, ensorcelante et audacieusement structurée sur le
thème des voyages dans le temps, qui en extrait intelligemment
le potentiel ludique (chaque action du joueur a une conséquence
dans le futur) et poétique (y sont décrits l'évolution
d'un monde, sa destruction et ses décombres).
Quant
à FF7 (PSOne, 97) et au film FF (01), ils constituent les œuvres
les plus intimes de Sakaguchi, hantées l'une comme l'autre par
le décès de sa mère et par le shintô (ensemble
de croyances animistes encore très présentes dans l'inconscient
collectif japonais).
Devenu
freelance en 2002, Sakaguchi a fondé son propre studio, Mist
Walker, en 2004. Il travaille actuellement, pour Microsoft, sur deux
RPGs exclusifs Xbox 2.
NB : La plupart des FF sortis sur FC et SFC ont été
convertis sur PSOne, seuls (FF6) ou sous forme de compilations (FF Origins
réunit FF1 et FF2, FF Anthology réunit FF4 et FF5).
>>> Dates
83
: Entre dans la petite société qui deviendra Square en
86. Fort de son expérience de programmeur, il fait montre, instantanément,
d'une compréhension aiguë des contraintes créatives
qu'impose le jeu vidéo.
87
: Final Fantasy 1 (NES).
94
: Final Fantasy 6 (SFC).
95
: Chrono Trigger (SFC).
97
: FF7, premier FF à ne pas sortir sur une console Nintendo, et
premier blockbuster de l'histoire du RPG console (30 millions de dollars
de budget, une centaine de personnes impliquées), permet à
la PSOne de distancer irrémédiablement la Saturn au Japon,
alors que les deux machines étaient auparavant au coude à
coude. Il impose enfin le RPG dans l'imaginaire des joueurs occidentaux,
jusque là imperméables au genre, et devient l'un des plus
gros succès PSOne avec 8 millions d'ex vendus.
00
: L'Academy of Interactive Arts and Sciences, composée de professionnels,
remet à Sakaguchi un prix récompensant l'ensemble de sa
carrière –l'équivalent vidéo-ludique de l'oscar
d'honneur.
01
: Réalise le film Final Fantasy : The Spirits Within, en production
depuis quatre ans, et qui rapporte seulement 32 millions de dollars
aux Etats-Unis alors qu'il en a coûté 137.
02
: Suite à l'échec du film FF, il démissionne du
poste de vice-président de Square qu'il occupait depuis 91 et
devient consultant et producteur exécutif extérieur.
02
: Fan d'Everquest, il fait de FF11 (PS2, PC) un MMORPG, dont une grande
partie du contenu narratif naît des interactions entre les joueurs. |
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